Onze ans séparent aujourd’hui les lecteurs des textes publiés dans le recueil du Prix Clara . Onze années pendant lesquelles le monde a basculé, s’est questionné, s’est réinventé. Et pourtant, en rouvrant ces pages écrites par des jeunes écrivain·es de 13 à 18 ans, une évidence s’impose : leurs mots résonnent encore. Leurs préoccupations, leurs angoisses, leurs espoirs parlent toujours à notre présent.
Comment est-ce possible ? Comment des adolescents qui écrivaient en 2014 ont-ils pu anticiper les questionnements de 2025 ? La réponse tient peut-être à la nature même de l’écriture adolescente : brute, sincère, universelle. Le Prix Clara, ce concours littéraire jeunes unique qui allie création artistique et engagement solidaire au profit de la recherche en cardiologie, l’a compris depuis sa création. En donnant la parole aux jeunes auteurs, il capte une sensibilité générationnelle qui transcende les époques.
L’édition 2014 du Prix Clara occupe une place particulière dans l’histoire du concours. C’était encore les débuts, mais déjà, des centaines d’adolescents avaient répondu présents. Leurs nouvelles d’adolescents exploraient des territoires variés : la famille, l’amitié, la perte, l’identité, la maladie, l’espoir.
Cette année-là, les textes sélectionnés portaient en eux une intensité particulière. Les jeunes écrivain·es y parlaient déjà de fragilité, de différence, de solidarité. Ils y posaient des questions sur ce que signifie grandir dans un monde instable, sur la place de l’individu face au collectif, sur le sens de l’engagement.
Le recueil publié cette année-là a permis de financer la recherche menée par l’Association pour la Recherche en Cardiologie du Fœtus à l’Adulte (ARCFA). Chaque exemplaire vendu devenait un geste concret, une manière de transformer la création littéraire en action solidaire. Une édition symbolique, donc, qui inaugurait ce lien précieux entre art et santé.
Ce qui frappe à la relecture de ces textes, c’est leur authenticité. Les jeunes auteurs de 2014 n’écrivaient pas pour plaire ou pour correspondre à une attente éditoriale. Ils écrivaient pour dire. Pour exprimer ce qui bouillonnait en eux, ce qui les questionnait, ce qui leur faisait peur ou les émerveillait.
L’écriture adolescente possède cette force rare : elle ne triche pas. Elle ne calcule pas. Elle va droit au cœur des émotions. Un adolescent qui écrit sur la maladie le fait souvent parce qu’il l’a vue de près, parce qu’elle l’a touché, lui ou un proche. Il n’y a pas de distance, pas de filtre. Juste des mots posés sur la page comme on pose un pansement sur une plaie.
Dans le recueil 2014, on trouve cette intensité à chaque page.
Des récits courts qui parlent de :
Ces thématiques sont universelles. Elles parlent autant à un adolescent de 2014 qu’à celui de 2025, autant à un parent qu’à un enseignant. C’est cette capacité à toucher l’intime tout en rejoignant l’universel qui fait la puissance de la littérature jeunesse engagée.
Relire ces textes en 2025, c’est constater avec stupeur à quel point ils anticipaient déjà nos enjeux actuels. Comme si les jeunes écrivain·es d’alors avaient posé les bases des débats d’aujourd’hui.
Santé et fragilité : des mots qui résonnent différemment
En 2014, plusieurs textes évoquaient déjà la maladie, la fragilité du corps, la peur de perdre un être cher. Des thèmes intimement liés à l’histoire du Prix Clara, créé en mémoire de Clara, décédée d’une malformation cardiaque.
Mais ces récits prenaient une dimension nouvelle après la pandémie de Covid-19. Les descriptions de l’isolement, de la peur de la contagion, du rapport bouleversé au corps et à la santé résonnent aujourd’hui avec une acuité particulière. Ce que les adolescents imaginaient ou vivaient à petite échelle en 2014 est devenu une expérience collective mondiale.
Les maladies invisibles, déjà présentes dans ces textes, sont aujourd’hui au cœur des débats de santé publique. Les jeunes auteurs de l’époque avaient compris quelque chose que la société mettrait des années à admettre : la souffrance n’a pas besoin d’être visible pour être réelle.
Identité et diversité : des questionnements prémonitoires
Plusieurs nouvelles du recueil 2014 abordaient la question de l’identité. Qui suis-je vraiment ? Comment me définir quand le monde veut m’enfermer dans des cases ? Ces interrogations, déjà présentes il y a onze ans, ont pris une ampleur considérable aujourd’hui.
Les débats sur le genre, l’orientation, l’appartenance culturelle, la neurodiversité… Autant de sujets que les jeunes écrivain·es de 2014 effleuraient déjà dans leurs textes, parfois sans même le savoir. Leur intuition, leur sensibilité les poussaient à explorer ces zones d’incertitude, ces espaces où l’identité se construit et se déconstruit.
Solidarité et résilience : des valeurs intemporelles
Le Prix Clara porte en lui cette double dimension : créer et soutenir. Les textes de 2014 reflétaient déjà cet esprit. On y trouvait des récits de solidarité, de soutien mutuel, de résilience face à l’adversité.
Ces valeurs, plus que jamais nécessaires aujourd’hui, traversent le temps. L’écriture et société se rejoignent ici : les mots deviennent action, la création devient engagement. Ce que les adolescents exprimaient en 2014 résonne encore en 2025, comme un fil rouge qui relie les générations.
Thèmes abordés en 2014 | Résonance en 2025 |
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Maladies invisibles et isolement | Post-Covid, santé mentale, long-Covid |
Quête d’identité et différence | Débats sur le genre, diversité, inclusion |
Fragilité du corps et de l’esprit | Conscience collective de la vulnérabilité |
Solidarité intergénérationnelle | Reconstruction du lien social |
Ce qui rend le Prix Clara unique, c’est cette alchimie entre création et action. Les jeunes écrivain·es ne participent pas seulement à un concours littéraire classique. Ils contribuent à un projet qui les dépasse.
Chaque recueil vendu finance la recherche en cardiologie. Chaque lecteur qui découvre ces textes participe à une chaîne de solidarité. Les mots deviennent argent pour la science, les histoires deviennent espoir pour les malades, la création devient soin.
Ce modèle, initié dès 2014, reste d’une actualité brûlante. À une époque où l’on cherche du sens dans chaque action, où l’engagement est devenu une nécessité pour beaucoup de jeunes, le Prix Clara montre qu’il est possible de conjuguer passion artistique et responsabilité collective.
Les bénéfices concrets du Prix Clara :
Les jeunes auteurs de 2014 ont ainsi participé, sans peut-être en avoir pleinement conscience, à une aventure qui dépasse la littérature. Leurs textes ont soigné. Pas métaphoriquement. Concrètement.
Que reste-t-il d’un texte écrit par un adolescent de 15 ans en 2014 ? Beaucoup plus qu’on ne l’imagine. Ces récits constituent aujourd’hui une forme de mémoire collective. Ils témoignent d’une époque, d’une sensibilité, d’une vision du monde.
La littérature jeunesse engagée joue ce rôle essentiel : elle archive les émotions d’une génération. Dans cinquante ans, quand on voudra comprendre ce que ressentaient les adolescents du début du XXIe siècle, on pourra ouvrir ces recueils. On y trouvera leurs peurs, leurs rêves, leurs colères, leurs espoirs.
Le Prix Clara participe ainsi à l’éducation à la citoyenneté par la littérature. Il montre aux jeunes que leur parole compte, que leurs mots ont du poids, que leur regard sur le monde mérite d’être entendu et publié.
Les lauréat·es de 2014 sont aujourd’hui des adultes. Certain·es ont peut-être continué à écrire, d’autres ont emprunté d’autres chemins. Mais tou·tes gardent sans doute la trace de cette expérience : avoir été publié·e, lu·e, reconnu·e comme auteur·e à l’adolescence.
C’est cet héritage que le Prix Clara construit année après année. Un patrimoine littéraire jeune, vivant, engagé. Une transmission qui va dans les deux sens : des aîné·es vers les plus jeunes, mais aussi des jeunes vers la société tout entière, qui a tant à apprendre de leur lucidité.
Les jeunes écrivain·es du Prix Clara 2014 ne le savaient probablement pas, mais ils posaient déjà les mots sur ce qui allait devenir nos enjeux collectifs. Leur sensibilité, leur intuition, leur franchise ont créé des textes qui résistent au temps.
Relire aujourd’hui ces nouvelles d’adolescents, c’est comprendre que la littérature jeunesse n’est pas une littérature mineure ou transitoire. C’est une littérature puissante, visionnaire même, qui capte l’air du temps et parfois l’anticipe.
Le concours littéraire jeunes qu’est le Prix Clara continue de porter cette double mission : donner la parole aux adolescent·es et transformer cette parole en action solidaire. Onze ans après, le modèle tient toujours. Il inspire. Il résonne.
Envie de prolonger cette lecture ? Découvrez les recueils du Prix Clara, anciens et récents. Soutenez la recherche en cardiologie en achetant un exemplaire. Et surtout, encouragez les jeunes de votre entourage à écrire, à participer, à faire entendre leur voix. Parce que les jeunes auteurs d’aujourd’hui écrivent peut-être déjà ce que nous vivrons demain.
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